Lucienne Six, bientôt 87 printemps, aime le bonheur simple et authentique. Sa joie communicative, sa faconde patoisante, son humeur positive, son goût des autres et ses petites histoires incomparables ont de quoi vous booster le moral ! Rencontre avec une Roncquoise de toujours.

Dans son appartement coquet de la résidence Michelet, il n'y a de place que pour ses sourires, son énergie et sa joie de vivre exubérante ! Le regard pétillant, elle manie l'autodérision en toute simplicité : « j'ai une grande gamelle et un p'tit coeur ! » plaisante-t-elle.

De son lieu de naissance - un ancien cabaret roncquois, « Au petit Roubaix », près d'une forge rue du Billemont - elle a fait un port d'attache puisqu'elle fera construire plus tard sa maison dans la même rue. De son enfance, dans les années 30, elle se souvient des ducasses animées et heureuses dans le centre, près de la Tête d'Or et de la quincaillerie Lebrun, des nombreux commerces et cafés appelés alors « cabarets ». « Il y en avait 72 à Roncq, on en comptait trois ou quatre rien que dans la rue du Billemont », se rappelle-t-elle.

De la guerre 39-45, lui reviennent quelques bribes, comme la peur qui la tenaillait au passage des troupes allemandes et qui s'accompagnait de leurs lourds bruits de bottes. « On n'avait plus rien, on avait faim, j'ai même dû voler une fois du pain pour manger », reprend-elle, « je donnais des coups de main à la ferme Delobel, je cachais des pommes-de-terre dans un trou et j'allais les récupérer le soir, toujours pour pouvoir manger ». 

A 14 ans, Lucienne a entamé sa carrière professionnelle dans diverses filatures (Leurent à Roncq, Masurel et Tiberghien à Tourcoing) avant de rejoindre la Ville de Roncq en 1967 où elle a travaillé dans les écoles. La mémoire de Lucienne s'arrête sur des images marquantes : le retour des salariés du textile depuis les filatures tourquennoises – « le soir le petit train qui arrivait à la gare charriait des cortèges d'ouvriers qui remontaient la rue de Lille vers 18h15 » - le tramway qu'elle empruntait chaque jour pour se rendre au travail à Tourcoing…

Lucienne est indissociable du patois qu'elle manie à merveille pour raconter des dizaines et des dizaines d'histoires. « Je ne sais pas d'où ça vient, c'est naturel pour moi de raconter en patois, ça vient facilement », confie-t-elle.

Elle se rappelle les processions qui cheminaient dans le parc du château Verhaeghe (l'actuelle Annexe-Mairie) et qui sortaient à l'arrière, là où elle vit aujourd'hui. Lucienne part toujours en vacances et partout où elle va son côté « boute-en-train » séduit énormément. On se prend d'affection pour elle parce qu'elle rayonne. Lucienne a tout simplement oublié de vieillir, c'est le secret de sa jeunesse inoxydable.

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